VENT BLANC
Le jugement dernier
Est ici bas le premier
De nos frères, nos maîtres, nos pères
Nos pairs, sœurs et mères
Il fond sur l’âme comme un rapace
Frappe, entrave et agace
Pèse et laisse empesé
Met un frein à l’art de rêver.
Longtemps je m’y suis soumise
Fondue dans le convenable et la masse
Tour à tour docile et rebelle à cette nasse
Lentement érodée par sa mainmise.
A la mi-temps le vent blanc s’est levé
Balayant les feuillets et l’esquif
De l’ouvrage d’un seul tenant j’ai sauté
Tranchant la reliure dans le vif.
Sur cet océan de mots sans visage
Je dérive depuis page par page
Cherchant le fil pour m’ancrer
De la plume à l’encrier.
05.11.2020
Ilona Heinrich, Balance.